Wednesday, March 9, 2011

Pensées fraternelles de Sergueï...

« Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser tu m’enrichis ». Cette phrase, Saint-Exupéry l’écrit dans un ouvrage qui s’intitule « Citadelle » ouvrage commencé dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale et inachevé à sa mort. « Citadelle » regroupe la pensée philosophique de toute une vie.

« Frère » c’est le terme clef de cette phrase. Sommes-nous réellement capables de voir l’autre comme un frère, comme quelqu’un avec qui nous partageons une communauté d’origine, d’intérêts, d’idées, avec qui nous avons un lien étroit ?

Pétris de certitude, nous oublions parfois, trop souvent sans doute, de regarder précisément et objectivement autour de nous.

L’être humain est ainsi fait, que l’inconnu lui fait généralement peur. C’est pourquoi souvent la différence peut lui apparaitre comme un danger.

Et pourtant, chaque être humain est unique, donc, nous sommes tous différents les uns des autres. Et si nous avons peur des autres ou de ce qu’ils pourraient nous enlever, nous passons donc à côté de richesses.

En effet, par son caractère unique, l’autre, si je le regarde dans un esprit de fraternité et de tolérance peut m’ouvrir de multiples horizons. Malgré vos certitudes, vous pouvez découvrir un jour que ce que je suis, ce que je pense, ainsi que ma façon de faire, de vivre, peut éclairer ce que vous pensez, ce que vous êtes, ce que vous vivez ou même apporter des solutions à ce qui ne vous satisfait pas.

L’autre, par sa différence, peut donc me permettre de m’enrichir, car il peut me montrer d’autres aspects du monde et de moi-même, qui seraient restés dans l’obscurité si je n’étais pas confronté aux autres dans ce que je ne suis pas.

Si, en venant ici, vous aviez une opinion différente de la mienne, je vous aurais donc enrichi puisque vous avez peut-être découvert des éléments auxquels vous n’aviez pas pensé et, si vous étiez d’accord, je vous ai également enrichi, car vous serez heureux que vos pensées soient confirmées.

Cela me conduit à évoquer l’altérité, la reconnaissance de l’autre dans sa différence, aussi bien culturelle que religieuse, la compréhension de la particularité de chacun. La question de l’altérité est au cœur même de toute vie sociale.

Si je suis incapable de voir en face de moi un être humain, si je ne vois que ce que je pense être un « étranger », voir un « ennemi », il est clair que cela va renforcer la séparation et rendre impossible toute communication.

Je peux me sentir très différent de certains de mes amis, mais cela ne m’empêche pas d’être bien avec eux et de me sentir proche d’eux.

Chacun a une pierre à apporter à l’édifice dans un échange mutuel. Comme le disait Montaigne : « un honnête homme est un homme mêlé » et, au-delà de l’apport individuel, le métissage culturel est source de découverte et d’enrichissement.

Qu’aurait été le jazz américain sans la douleur des esclaves noirs dans les champs de coton des états du sud ?

Que seraient nos mathématiciens sans l’algèbre et les chiffres arabes ?

J’adore la truffade et je suis heureux que la gastronomie française soit classée au patrimoine de l’UNESCO, mais j’avoue me laisser tenter par des sushis et le succès d’un célèbre hamburger américain me fournira un emploi cet été !

Mes amis sont-ils ma copie conforme ? Les attirances en amour sont-elles basées sur la recherche de son double ? Ne dit-on pas parfois que les contraires s’attirent ? Et de certains qu’ils sont complémentaires ?

La rencontre de l’autre d’une façon ou d’une autre contribue à l’ouverture de mon esprit, mais aussi de mon cœur et c’est ce qui fait mon humanité.

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